2 mars 2006
Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé hier mais, il faut que je trouve une réponse. J’ai encore de la misère à croire ces histoires de superstitions. Mais, comment en avoir la preuve? Comment voir si vraiment je me métamorphose? Demander à quelqu’un de me suivre? Non c’est trop dangereux pour la personne. Me filmer… Hum? Je risque de briser la caméra. Pourquoi pas me filmer derrière un endroit d’où je n’ai pas accès à la caméra? Un endroit qui laisse filtrer l’image mais m’empêche de passer à travers… comme un grillage, une vitrine ou des barreaux? Oui, voilà la solution mais, où trouver cet endroit? J’ai jusqu’à la prochaine pleine lune pour le trouver.
Une semaine après, je décide de partir à la recherche d’endroits et je fais une rencontre avec une demoiselle qui travaille pour la ville de Montréal. Elle s’appelle Anne et elle est chef de groupe dans l’horticulture ornementale pour la ville. Je lui demande si il n’ y aurai pas moyen de visiter la pépinière de la ville? Elle me regarde avec un air interrogateur, me sourit et me répond oui. (Elle est très charmante cette Anne et je crois que j’ai le béguin pour elle.) Elle me donne un rendez-vous la semaine suivante très tôt le matin, avant l’arrivée des employés…soit à 5 h AM ouf! Elle m’attend face d’une porte de clôture, ouvre et me demande pourquoi visiter la pépinière? Pour acheter des arbustes? (L’endroit est parfait… il ne peut pas y avoir mieux… et je me dis que cette fille m’intéresse et que je ne dois pas trop lui mentir) « C’est pour un tournage que je prépare avec un gros chien dans une pépinière la nuit et je suis prêt à en louer l’espace dans 2 semaines ». Elle me dit : « Je vais en parler au coordonnateur et je vous reviens là-dessus demain.»
Le lendemain, elle me téléphone pour m’annoncer que tout est ok en autant que le chien ne saccage rien. (Alors comment s’organiser pour que la personne qui m’ouvre la porte ne me voit pas?) Je lui demande si c’est elle qui va m’ouvrir la porte? « Oui, je suis bien intriguée par votre tournage monsieur » « J’adore les animaux… qu’est ce qu’il va faire au juste votre chien? » « C’est un chien très bien dressé… il va faire semblant qu’il est extrêmement méchant et qu’il rage envers la personne qu’il le regarde l’autre coté de la clôture » « Ça me fait un peu peur votre histoire monsieur et je ne suis pas sûre que je suis prête à regarder ce tournage… une chance que la clôture est haute et barbelée! »
Nous sommes le lundi précédant le tournage et je me morfonds encore à trouver comment ne pas lui faire peur. Cette fille me tourne la tête et je repense à son beau sourire sans cesse. Elle m’a laissée son numéro de téléphone et je n’ai que le goût de l’appeler pour lui parler de tout et de rien. Tiens, j’ai une idée, je l’appelle et je l’invite à une crémaillère chez moi. La soirée se passe bien et je sens qu’elle a remarquée que je la regarde tout le temps. Le lendemain après-midi, elle me téléphone pour m’inviter à observer les oiseaux sur le bord du fleuve. Le vent et le ciel d’octobre nous enveloppe de leurs sensuelles et sentimentales mélancolies. Et voilà! Nous avons entrepris de nous enlacés en regardant un couple de hérons prendre l’envol. Et oui… le sort en en était jeté pour moi et Anne…
Depuis, nous nous voyons tout les soirs et toutes les nuits. Notre amour est du genre passionné et la confiance s’installe. Et puis, il y a ce soir qui précède la pleine lune… comme un lion en cage, je tourne en rond dans son appartement… à moitié endormie elle me demande qu’est ce qu’il y a? Je ne réponds pas et après un certain temps j’annonce que je dois partir pour préparation de tournage. Le matin je me réveille près de la clôture de la pépinière… mon linge tout déchiré!... Je pars dans le cabanon d’en face me changer
Lundi est arrivé… le jour fatidique! J’ai prévu de louer un chien dans une agence de chiens dressés pour cinéma. Un superbe danois / rothweller géant tout noir. Je l’embarque dans mon camion et arrive à la fermeture de la pépinière. Je vois Anne, l’embrasse et lui demande si elle ne pourrait pas ouvrir la clôture tout de suite pour le chien. Elle me dit: « tiens, garde la clé, je vais revenir plus tard dans la soirée »
Alors j’installe le chien à l’intérieur et place la caméra devant la clôture en mode automatique pour 2 h AM. Anne arrive comme toujours avec son sourire mais son sourire passe vite à l’angoisse quand elle aperçoit avec crainte le mastodonte. Je la serre dans mes bras et lui dit: « T’en fais pas, il n’est pas dangereux et il obéi » « LUPIN, COUCHÉ!!... (Le géant noir se laisse tomber dans un envolé de poussières)… LUPIN DEBOUT!!... (Le chien se relève en un rien de temps)… LUPIN MÉCHANT!!!... (Le chien de met a nous fixer dans les yeux, grogner, japper et hurler de style terrifiant) » Anne me dit: « Cette nuit tu fais ton tournage et je vais essayé de dormir dans le cabanon ok? » Alors Anne part se coucher et elle s’endors vers 22h30 (Je l’entends ronfler) et j’entre Lupin dans le camion et l’endors avec un calmant sans danger. À mon tour j’entre dans la pépinière et je passe ma main dans un trou à coté de la serrure pour la barrer et jeter la clé par dessus la clôture. Je marche dans les allées et regarde le reflet fluorescent de cette céleste lune sur les arbres et les arbustes. Je fais un aller retour de chaque recoin inspectant soigneusement qu’il n’y a pas d’issues. Fait étrange, l’ombre que fait la lune de ma silhouette n’est plus la même à mon retour devant la porte. J’ai l’impression d’être plus grand?! Je repars en arrière, reviens et l’ombre a encore changée. Et puis il y a cette douce musique qui revient dans ma tête, elle me calme, me transporte au septième ciel. Je décide de marcher encore… il fait beau et l’air est froid et bon… tiens mon ami le lièvre est là! Il ne bouge pas et il me regarde comme si il avait peur de moi?! Non, il n’a pas peur de moi, il a peur des hurlements effrayants que l’on entend. Alors je regarde la lune et elle change de couleur… elle devient rougeâtre…comme si il y avait une éclipse… je n’aime pas ça et je suis en colère. Je veux sortir de cette cour et j’empoigne le grillage de la porte. Je brasse la clôture de toute mes forces… je hurle, grogne de façon horrible… je mène un terrible vacarme. Et soudainement, je apperçois un regard venant de la fenêtre du cabanon en face. Je n ai jamais vu un tel regard… les yeux sont hagards, épouvantés… il expriment la vision de quelqu’un qui voit quelque chose d’effroyable…j’entends une respiration qui s’accélère et qui semble sortir d’un corps qui tremble… des halètements… et le visage disparaît de la fenêtre.
Un soleil éclatant me réveille, je suis seul et la porte est ouverte. Le chien hurle et pleure dans le camion… mais avant je dois aller voir Anne…
Elle est plus là!
La clé est sur la table…. je ferme tout, j’embarque la caméra et je conduis mon camion jusqu’à chez Anne...
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